La force de l'animal
Quand on y pense : le cuir a pour ancêtre le tout premier vêtement... Celui qui consistait à porter des peaux de bêtes pour se protéger du froid au Paléolithique. Et déjà, il faisait sens puisque ces peaux étaient considérées comme presque magiques, donnant à l'homme la force de l'animal. C'est, ensuite, en Egypte antique que le cuir devient une matière noble de la confection très recherchée. Puis, on retrouve le cuir chez les soldats grecs, qui se protégeaient avec des « cuirasses », composées de cuir et de plaques de bronze. La force du symbole a donc toujours existé dans ce matériau.
Des blousons de légende
A l'instar des cow-boys, ces héros du début du siècle équipés de cuir de la tête aux pieds, l'homme moderne retrouve dans le cuir l'esprit aventurier de l'époque du far West. La liberté, les grands espaces, l'indépendance constituent une imagerie qui a traversé les temps. Elle fut renforcée par l'utilisation de vestes de protection en peau de cheval, dans les années 20. D'une part, chez les aviateurs de l'US Army et de l'aviation civile. D'autre part, chez les motards et, notamment, la veste en peau de vache, conçue pour Harley Davidson, qui devient le fameux perfecto. Objectif affiché de ces modèles : se protéger face aux intempéries. Aujourd'hui, le blouson de moto et le blouson d'aviateur sont toujours en tête des modèles intemporels.
La rébellion des blousons noirs
Depuis ces modèles fonctionnels, le blouson noir a développé une imagerie rebelle. A l'origine de cette représentation bad boys, il y a un fait divers qui a fait grand bruit aux Etats-Unis. En 1947, une jeunesse rebelle, équipée de blousons noirs et de motos, sème la terreur dans les rues de San Fransisco. Ce mouvement s'est, ensuite, étendu en France dans les années 50 et 60, où ces bandes furent alors appelées « les blousons noirs ».
Le cinéma américain s'empara du phénomène et l'amplifia. Ainsi, ce mouvement inspirera des films devenus cultes comme L'Équipée sauvage en 1953 avec Marlon Brando et La fureur de vivre en 1955 avec James Dean. Tous deux, icônes rebelles du cinéma, portent le blouson de cuir noir avec virilité et style. L'histoire du blouson de cuir noir et du cinéma ne s'arrête pas là. D'autres héros ont revêtus, depuis, le cuir comme symbole de liberté : Peter Fonda dans Easy Rider puis, plus récemment, Mad Max, Terminator ou Wolverine. Le blouson de cuir noir devient LE costume de l'homme viril et rebelle au cinéma. Au fil du temps, le rebelle au cuir noir devient plus romantique comme Fonzie dans la série au cœur tendre Happy Days ou John Travolta dans Grease, productions qui idéalisent les années 50.
Emblème de la contre-culture
C'est Vince Taylor, le premier, qui a osé le total look en cuir noir sur scène. Jamais avant lui, un musicien, aussi rocker fut-il, n'était allé jusque-là ! Le style se répandit, ensuite, sur la scène rock des années 60. Le grand Elvis Presley, lui-même, troqua son costume-cravate contre une tenue intégralement en cuir noir, pour le plus grand bonheur de ses fans ! Le mouvement s'étendra durant toutes les années 60 avec le mythique affrontement culturel entre les Mods et les Rockers. Les premiers en vespa et tenue impeccable. Les seconds écoutants Eddie Cochran en blouson de cuir et jeans défraîchis.
Le mouvement punk se réappropriera le blouson de cuir dans les années 70, avec de gros blousons lourds et épais et des allures de « gros durs ». Le rejet de la société est, alors, joué à plein volume par les Sex pistols et les Ramones. Leurs fans personnalisent leurs blousons aux couleurs de leurs groupes fétiches mais aussi d'épingles à nourrice, clous et autres allégories de la contre-culture.
Le blouson de cuir traversera des générations de musiciens et de fans depuis lors, pour devenir plus coloré mais aussi, plus sage. On pense au perfecto en cuir rouge de Michael Jackson avec Thriller, mais aussi à Renault, Vanessa Paradis ou Florent Pagny, dans les années 80. Aujourd'hui, le blouson de cuir et devenu plus mainstream, tout en restant un symbole de liberté et d'indépendance.
Chouchou de la mode
Les premiers à proposer un blouson de cuir dans leur collection haute couture furent Christian Dior pour Yves Saint Laurent dans les années 60 et Claude Montana à la fin des années 70. Ces propositions firent scandales à l'époque.
Ce sont les années 80 qui réhabiliteront le blouson de cuir comme vêtement fréquentable par toutes et tous. Certes, il garde toujours ses évocations contestataires mais la mode aime les rebelles... Artistes et designers customisent ces figures légendaires de la contre-culture pour en faire des deuxièmes peaux. Encore un vêtement que les femmes ont piqué aux hommes avec beaucoup de réussite !